Dès qu’elle fût mise au point, la photographie a servi de medium artistique. Nature morte, mises en scène diverses, vie quotidienne et moments uniques immortalisés sur daguerréotype ou plus tard sur pellicules. Mais, contrairement aux autres mediums artistiques, la photographie a ceci de particulier, qu’elle renvoie toujours une idée de réalisme et de véracité. Certes, il existe des photos truquées, certaines aillant même connu une réelle popularité pendant de nombreuses années.
Mais, lorsque l’authenticité d’une photo est démontrée, elle n’est plus uniquement mise en lumière en vertu de son potentiel artistique. Elle peut servir de point de référence pour de nombreuses études. D’où cette dualité que présentent presque toutes les grandes photos d’art.
Quand la photo documentaire devient œuvre d’art
Même s’il est vrai que de nombreuses photos d’art n’ont pas l’ambition de devenir des documents historiques, elles le deviennent parfois de façon anodine. Des clichés du déjeuner sur le gratte-ciel, au cliché de l’homme de Tiananmen ou encore les photos de moments historiques comme Selma ou la guerre du Vietnam.
On ne doute pas une seconde que de telles photos aient été prises dans le but de documenter la vie à l’époque, ou de servir de preuve à des moments précis. Dans certains cas, ces photos visaient à servir d’illustration pour des journaux et autres parutions. On pense notamment à la chute du Hindenburg. Pourtant, aujourd’hui, ces clichés sont également présentés dans des galeries en raison de leur dimension artistique.
La dimension historique indissociable du medium photographique
La tendance inverse est tout aussi remarquable. Certaines photos qui n’ont été prises qu’à des fins artistiques, se retrouvent parfois au-devant de la scène en tant que preuve historique d’incidents donnés, de tendances vestimentaires, de styles architecturaux et bien plus encore. Des portraits de célébrités comme Marilyn Monroe, de Salvador Dali ou Frida Kahlo qui permettent à présent aux historiens d’en savoir plus sur les personnes dont l’esthétique y a été figée.
Ainsi, nul ne peut nier la double fonction de la photographie. Et même s’il est évident que selon les procédés, les objectifs recherchés et les circonstances, une dimension peut prendre le dessus sur l’autre. On n’ira jamais prétendre qu’il soit tout à fait possible de retirer à une photographie, l’un ou l’autre de ces éléments.
Seule exception, les photos artistiques qui font l’objet de retouches abondantes, et dont le but est clairement de créer des paysages irréels, ou parfaitement abstraits. De telles photos, privées de toute réelle relation avec le monde réel, n’ont pas de portée documentaire concrète.